Mais lorsqu’on s’approche, un détail intrigue. Ce qui semblait être des poteaux 100% bois, hormis les pièces de connexions bien sûr, s’avèrent être des profilés acier habillés de placage bois. Puis, on discerne une plaque de bois qui couvre les montants du treillis des portiques. S’agit-il uniquement d’un habillage visant à masquer la présence de boulons ? Si oui, pourquoi ? Et pourquoi ne l’avoir pas posé sur tous les assemblages, notamment ceux en façades qui sont les plus visibles ? Notre première hypothèse est l’esthétisme. On est tenté de croire à une dissimulation des assemblages acier et on imagine que si les contreventements n’en possèdent pas c’est parce que leur jonction géométrique avec les autres poutres se font avec des angles complexes.
En fin de compte, l’explication est toute autre : il s’agit de la protection au feu des assemblages. En effet, bien que plus combustible que d’autres matériaux, le bois a une bonne résistance au feu. Sous l’effet de la chaleur, une couche de carbonisation se forme en surface et protège le cœur de la poutre qui conserve ses propriétés mécaniques. De plus, ce comportement est prévisible et il est donc possible de calculer cette perte de section. Il s’agit alors uniquement d’augmenter les dimensions pour obtenir une stabilité au feu de la durée souhaitée. En revanche, bien qu’incombustible, l’acier sans protection perd très rapidement un pourcentage important de sa résistance mécanique sous l’effet des hautes températures générées durant un incendie. Ainsi, les propriétés mécaniques des pièces métalliques composant les assemblages peuvent être considérablement réduites. De plus, étant donnée l’excellente conductivité thermique de l’acier, celui-ci aura tendance à transmettre la chaleur à l’intérieur de la poutre en bois. On attribue une résistance au feu de base de 15 minutes aux assemblages non protégés. La charpente du Grand Palais Ephémère devant atteindre une stabilité au feu d’une heure et demie, il était nécessaire de protéger les pièces de connexion acier.
Lors d’une visite de leur usine, nous avons eu l’opportunité d’interroger Mathis, l’entreprise qui a fabriqué et posé la charpente, sur l’absence de protection au niveau des connexions des contreventements. Les baies de contreventements étant redondantes, elles n’ont pas toutes besoin d’être protégées, tout simplement.
Sources :
Webinar Grand Palais Ephémère – CNDB & Forum International Bois Construction – https://www.youtube.com/watch?v=Ks46kZ4uQsk&t=3181s
Présentation de Frank Mathis, PDG de Mathis à partir de 53′.
Photos par Laya Hermelin
]]>Intervenir en milieu contraint
La cour de l’Intendant présente les façades d’origine récemment restaurées dans le cadre de la première phase de l’opération. Il était par conséquent inconcevable d’accrocher des luminaires contemporains et leurs câbles d’alimentation à même la pierre de taille. Quant à suspendre l’éclairage sur la verrière, cela était impossible également car celle-ci étant situé à 17m de hauteur, il aurait fallu d’énormes projecteurs pour atteindre la luminosité nécessaire au sol, arsenal incompatible avec la finesse de la structure. La seule solution restante était de créer des objets indépendants, détachés de la façade, c’était la naissance des mâts.
Une double stratégie d’éclairage
Le choix de détacher le luminaire de la paroi permet de dissocier l’éclairage du sol de la cour pour les usagers et l’éclairage de mise en valeur des façades en pierre. Côté cour, des spots à inclinaison variable viennent apporter la luminosité suffisante au sol alors que côté mur, un linéaire LED crée un éclairage diffus de la façade. L’un et l’autre sont protégés du regard, le premier par des ailettes reprenant l’inclinaison des projecteurs encastrés et le second par une grille à fente. L’ensemble offre une teinte de lumière chaude du socle de la façade, en opposition à la mise en lumière blanc neutre de la verrière.
Une résille en trompe l’œil
Le corps du mât se développe sur près de 4m de hauteur en s’affinant, sa géométrie n’étant pas sans rappeler l’obélisque de la place de la Concorde juste à côté. Il est habillé de laiton, ciré pour obtenir une finition miel, répondant aux menuiseries de la billetterie et du porche de la cour. L’habillage est perforé selon un motif progressif et unique pour chaque mât et éclairé par l’intérieur. La résille présente une épaisseur suffisante pour « accrocher » la lumière sur les découpes de ses motifs. A l’intérieur, une tôle polie miroir reflète la lumière et l’habillage, créant une impression de légèreté et d’évidement en partie haute.
Une fabrication française
Les 8 mâts ont été fabriqués par l’entreprise Chauvet près de Poitiers à partir des plans d’exécution réalisés par Eiffage Métal dans les Yvelines. Une machine de découpe laser a été utilisée pour créer les motifs sur la tôle principale et sur la tôle laiton polie placée au verso. Les grilles à fente et les ailettes sont réalisées avec un système en tenon mortaise pour éviter toute quincaillerie superflue. Enfin, des charnières et une batteuse à fouillot permettent l’ouverture de l’habillage pour l’entretien des spots encastrés dans le socle.
Maitrise d’ouvrage : Centre des Monuments Nationaux
Architectes des Monuments Historiques : 2BDM
Eclairagiste : 8-18
Entreprise : Eiffage Métal
Métallerie : Chauvet
Coût total : environ 370 000 € HT
A l’occasion de cette journée du 8 Mars, je me rends compte que je ne sais pas écrire mon métier. J’ai fait un double diplôme d’ingénieur-architecte. Architecte, c’est pratique, qu’on soit homme ou femme, ça s’écrit pareil, ça se prononce pareil. D’où la tentation de parler de femme architecte pour accentuer l’exceptionnalité de la chose. Cela n’avait d’ailleurs pas plu à Dorte Mandrup, architecte danoise qui avait répliqué « I am not a female architect, I am an architect »1. Mais ingénieur, c’est plus complexe. Écrit-on une ingénieure, une ingénieur ou un ingénieur même si c’est une femme ?
Le Larousse prévoit l’utilisation avec un e2. Le Robert ne règle pas la question en proposant au féminin les 2 orthographes3. Le CNRTL quant à lui, écrit « Ingénieur n’a pas de féminin. Une femme ingénieur. (Dict XXe) »4. Je serais donc une femme ingénieur – femme architecte ?
En 1999, le gouvernement Jospin avait publié « Le guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grade et fonction »5. Dès la 2e page, le mot ingénieure apparait à 4 reprises dans la liste des membres du comité d’études. Après quelques rappels historiques de l’utilisation des versions féminines dans l’histoire, le guide énonce plusieurs recommandations. La 1ère est d’utiliser un déterminant féminin dans tous les cas. Puis les recommandations varient selon la terminaison des mots. Dans notre cas, nous sommes dans la catégorie en « eur » mais pas « teur » qui n’a pas de verbe associé. Les deux options subsistent : soit nous faisons comme les belges et nous utilisons la version épicène, soit nous faisons comme les québécois et les suisses et nous ajoutons un e final. Remarquez au passage le terrible aveux de retard de la France qui prend les autres pays francophones en modèle. 20 ans plus tard, c’est à dire le 28 Février 2019, l’Académie Française finit par approuver la féminisation des noms de métiers dans un rapport 6 rédigé par une commission paritaire à 4 mains soit le tiers des femmes de l’institution. Ainsi, l’Académie Française après avoir donné l’exemple d’apposition femme ingénieur, développe sur son site en bas de page un petit bandeau « Féminisation des noms de métiers » : « La féminisation des noms de métiers et de fonctions se développant dans l’usage, comme l’a constaté le rapport de l’Académie française rendu public le 1er mars 2019, il est à noter que les formes féminines ingénieur ou, moins bien, ingénieure se rencontrent également. » 7 Moins bien ?
La question finalement se résume à la suivante : est-il nécessaire de féminiser les noms de métiers ? Qu’est-ce que cela va-t-il changer ? En effet, on voit mal comment cela va diminuer les violences contre les femmes. Mais la lutte pour l’égalité des droits ne se limite pas aux violences physiques, elle a surtout pour objectif l’égalité des droits et des chances dans tous les domaines. Ne pas reconnaître l’importance de la féminisation des métiers et des grades, c’est sous-estimer l’importance du langage et de l’écriture dans la définition de la société. Il semble logique de faire évoluer la langue car c’est avec elle qu’on écrit l’Histoire et comment écrire un futur égalitaire avec une écriture excluant les femmes de certains métiers ? Depuis 10 ans, le pourcentage d’étudiantes en école d’ingénieur stagne autour de 26%8. La féminisation des métiers ne va pas régler le problème mais cela nous fera avancer dans la bonne direction. Et les changements de ce type mettent beaucoup de temps à s’imposer. On l’a vu, il a fallu 20 ans à l’Académie Française pour accepter la féminisation des noms de métiers et ce pas en avant a très rapidement été suivi d’un pas en arrière : aujourd’hui en 2021, une proposition de loi vise à interdire l’usage de l’écriture inclusive par quiconque bénéficiant d’une subvention publique9. Il serait inutile de modifier la langue pour la rendre plus inclusive mais il y a des créneaux dans l’agenda de l’Assemblée Nationale en pleine pandémie et crise économique pour examiner une loi visant à l’interdire ? Je m’interroge plutôt sur la résistance que l’on rencontre face à des changements si minimes. La question deviendrait plutôt : est-ce si difficile d’ajouter un « e » en fin de mot pour montrer que le métier peut être exercé par une femme ?
En conclusion, je pense qu’il faut prendre l’Académie Française pour ce qu’elle est, à savoir une institution dont le rôle est d’officialiser les changements de la langue déjà répandus dans l’usage. Ingénieure est déjà là. Elle est « moins bien » selon eux, elle est meilleure selon moi. Je suis donc ingénieure – architecte, mais cela n’engage que moi.
1. Mandrup D. (25/05/2017). « I am not a female architect, I am an architect ». Dezeen, https://www.dezeen.com/2017/05/25/dorte-mandrup-opinion-column-gender-women-architecture-female-architect/
2. Larousse. (s.d.). Ingénieur. Dans Dictionnaire en ligne. Consulté le 06/03/2021 sur https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ing%C3%A9nieur/43051
3. Le petit robert. (s.d.). Ingénieur. Dans Dictionnaire en ligne. Consulté le 06/03/2021 sur https://dictionnaire.lerobert.com/definition/ingenieur
4. CNRTL. (s.d.). Ingénieur. Dans Dictionnaire en ligne. Consulté le 06/03/2021 sur https://www.cnrtl.fr/definition/ing%C3%A9nieur
5. Becquer A.-M., Cholewka N., Coutier M., Mathieu M.-J. (1999). Le guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grade et fonction.
Disponible au téléchargement sur https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Documentation-administrative/Le-guide-d-aide-a-la-feminisation-des-noms-de-metiers-titres-grades-et-fonctions-1999
6. De Broglie G., Edwards M., Sallenave D., Bona D. (2019) La Féminisation des noms de métiers et de fonctions
Disponible en ligne sur http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rapport_feminisation_noms_de_metier_et_de_fonction.pdf
7. Dictionnaire de l’Académie Française, 9e édition. (s.d.). Ingénieur. Dans Dictionnaire en ligne. Consulté le 06/03/2021 sur https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9I1257-B
8. Pommiers E. (19/01/21). « Les filles, toujours minoritaires dans les écoles d’ingénieurs ». Le Monde, https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/01/19/les-filles-toujours-minoritaires-dans-les-ecoles-d-ingenieurs_6066754_4401467.html
9. Proposition de loi nº 3273 visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une subvention publique
Consultable en ligne sur https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3273_proposition-loi#
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Wikipedia defines Morphogenesis (from the Greek morphê shape and genesis creation, literally, « beginning of the shape »), as the biological process that causes an organism to develop its shape. It is one of three fundamental aspects of developmental biology along with the control of cell growth and cellular differentiation.
It’s especially interesting for us to point out that we have already published a post about growth processes and form in nature, talking about “On Growth and Form”, the work of D’Arcy Wentworth Thompson in which he advocated structuralism as an alternative to survival of the fittest in governing the form of species. The author thought that the form and structure of living organisms are determined by physical laws and mechanics more than by evolution rules.
Image: Patterns in gel, circa 1992. (Dennis Vigil & Harry Swinney/University of Texas, Austin) | found on WIRED SCIENCE
Image: In the leftmost two columns are photographs of juvenile and adult zebra fish markings. In the other columns are Turing pattern simulations, developing over time. (Kondo and Nakamasu/Proceedings of the National Academy of Sciences) | found on WIRED SCIENCE
Image: Tambako the Jaguar/Flickr | found on WIRED SCIENCE
Image: National Institutes of Health | found on WIRED SCIENCE
Image: Galaxy N51, the Whirlpool Galaxy. (European Space Agency) | found on WIRED SCIENCE
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The article on WIRED SCIENCE finishes like that:
Once one starts to look, there seems to be no end to Turing patterns: their forms can be seen in weather systems, the distribution of vegetation across landscapes and even the constellations of galaxies.
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This post also reminds us of the great dataisnature.com, a weblog of personal and recreational research containing information and links covering the following topics – Robot Art, Algorithmic and Procedural Art, Computational Aesthetics, Glitch Aesthetics, Vj’ing, Video Art, Computational Archaeology and similar subjects.
The Skylon was the “Vertical Feature” that was an abiding symbol of the Festival of Britain. It was designed by Hidalgo Moya, Philip Powelland Felix Samuely, and fabricated by Painter Brothers of Hereford, England, on London’s South Bank between Westminster Bridge andHungerford Bridge. The Skylon consisted of a steel latticework frame, pointed at both ends and supported on cables slung between three steel beams. The partially constructed Skylon was rigged vertically, then grew taller in situ.[2] The architects’ design was made structurally feasible by the engineer Felix Samuely who, at the time, was a lecturer at the Architectural Association School of Architecture in Bedford Square, Bloomsbury. The base was nearly 15 metres (50 feet) from the ground, with the top nearly 90 metres (300 feet) high. The frame was clad in aluminium louvres lit from within at night. Both the name and form of the Skylon perhaps referred back to the Trylon feature of the 1939 World’s Fair. Mrs A G S Fidler, wife of the chief architect of the Crawley Development Corporation, suggested the name and said she derived it from skyhook and nylon.
A few days before the King and Queen visited the exhibition in May 1951, Skylon was climbed at midnight by student Philip Gurdon from Birkbeck College who attached a University of London Air Squadron scarf near the top. A workman was sent up a few days later to collect it.
Questions were asked in Parliament regarding the danger to visitors from lightning-strikes to the Skylon, and the papers reported that it was duly roped off at one point, in anticipation of a forecast thunderstorm.
Presentation from the 8th VELUX Daylight Symposium that took place in Paris on 9 October 2019.
For more information please visit https://thedaylightsite.com:
Hugh Dutton grew up in Jamaica and qualified as an architect at the Architectural Association in London. In search of complementary technical expertise, he began his professional career with Peter Rice, a renowned inventive engineer responsible for the Sydney Opera house and Pompidou Center amongst other seminal projects around the world. Rice sought consciously to muddle the traditional boundaries between the architectural and engineering toward an objective of pure holistic design. Hugh spent 13 years with Rice at RFR and related their experiences in the book Structural Glass notably on the first bolted structural glass and cable structures from the La Villette Science museum to the inverted pyramid at the Louvre. His final work with Rice before his untimely death in 1992 is the west front of the Cathedral de Notre Dame de la Treille in Lille using translucent stone.
Forming Hugh Dutton Associés in 1995, Hugh continued his exploration of design and built reality, having collaborated with many well-known architects and designers assisting them on the realization of their concepts with a notable attention to detail. The practice has collaborated on many now significant European projects such as the New Acropolis Museum in Athens, the Louvre Museum Islamic Arts and the Philharmonie de Paris. He has worked as a specialist designer in various places on iconic and sculptural components of buildings such as skylights, entry lobbies, footbridges. His work pays notable attention to sustainability, for example the ‘Climate Ribbon at the Brickell City Centre in Miami which filters sunlight and catches the sea breezes for natural cooling of an open public street. HDA’s work continues to concentrate on multidisciplinary design, combining structure glass and light, and are currently realizing a light filtering glass roof at the Hotel de la Marine on the Place de la Concorde.
]]>the support of the presentation can be see and downloaded here
l’ AAIIA organise des BIALOG pour faire dialoguer différents profils et différentes générations pour permettre de questionner les parcours et expériences de chaque intervenant. On cherchera à interroger nos invités sur les particularités et les motivations liées à leur parcours de double-formation, auparavant non organisée.
Dans la structure actuelle du monde de l’architecture, le choix entre les deux professions reste omniprésent. Au cours d’une carrière professionnelle, la transversalité n’est-elle qu’un leurre ? Dans l’objectif de construire son indépendance, l’étiquette est-elle inévitable ? Alors que la structure pluridisciplinaire existe déjà, le profil mixte existe-t-il vraiment ?
HDA est invité a parler de son expérience et de comment elle arrive a trouver sa voie entre designer , ingénieur et Architecte.
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