Home ProcessEssays Conception architecturale et/ou modélisation paramétrique ?

Conception architecturale et/ou modélisation paramétrique ?

by HDA Paris


photo ci-dessus: modèlisation paramétrique pour le projet JIANG TAI WINTER GARDEN
Nous présentons aujourd’hui un article de Aurélie de Boissieu, une doctorante qui travaille sur la modélisation paramétrique.
Nous remercions énormément sa contribution à ce blog. Pour nous, le travail en réseaux avec des étudiants, des chercheurs et des différents professionnels est un point fondamentale de notre demarche.

« Travailler de façon ouverte avec nos lecteurs », voici en quelques mots l’enthousiasmante – et réussie – intention du blog d’HDA complexitys.com dont je me réjouis d’ajouter « mon papier » à l’édifice. Doctorante à l’Ariam-Larea, j’ai été amenée, naturellement, à rencontrer HDA lors de mes recherches. En effet, les agences qui utilisent la modélisation paramétrique et/ou la programmation ne sont pas si nombreuses ; celles qui ouvrent leurs portes le sont encore moins. Je les remercie aujourd’hui de m’accueillir et espère pouvoir, à mon tour, travailler de façon ouverte.

J’approche les usages de la modélisation paramétrique, dans le cadre de ma thèse, d’un point de vue cognitif. Autrement dit, je m’interroge sur les opérations mentales mises en œuvre par un architecte lorsqu’il utilise des environnements de modélisation paramétrique. Ce sujet cherche à mettre en lumière les liens cognitifs entre modélisation paramétrique et conception architecturale, objets encore mal connus des architectes.

Pour avancer sur cette question, mon travail s’organise en deux axes :
1 – une analyse des modeleurs paramétriques Grasshopper, Generative Components et Digital Project ;
2- une analyse de cas d’usages de ces modeleurs pour des projets d’architecture.
L’étude de cas d’usages de la modélisation paramétrique en agence (axe 2) se révèle importante du point de vue cognitif, mais aussi du point de vue des stratégies professionnelles (stratégies de valorisation, répartition des tâches, etc). En effet, si l’aspect cognitif de ces activités m’intéresse, il ne peut être distingué du contexte social et professionnel dans lequel il évolue.
Pour ces études de cas, je procède suivant une méthodologie d’investigation grâce à laquelle je cherche à reconstruire les processus opérants. A partir de ces reconstructions, je peux émettre – pour certains cas – des hypothèses d’opérations cognitives. Dans mon travail, il est important de recouper les données: c’est pourquoi je travaille à la fois avec des observations en agence, des entretiens approfondis, des analyses de modèles et de scripts, etc.
Mon corpus se constitue d’agences aux identités fortes et qui adoptent en général une position radicale face à la technique.
– Gehry Partners et Foster+Partners, ainsi, utilisent et développent leurs propres outils (respectivement Digital Project et Generative Components, entre autres).
– Chez R&Sie et RVBA on trouve une véritable valorisation de la pratique expérimentale de l’architecture et de la programmation. Je pourrais encore citer le travail de HDA | Hugh Dutton Associés, mais ce n’est pas le lieu pour s’étendre davantage.
Alors, pourquoi HDA | Hugh Dutton Associés ?
Cette agence, de taille moyenne (moins de 10 personnes), regroupe différents profils dont l’une des particularités est d’être, comme le précise Hugh Dutton : « ni vraiment ingénieurs, ni vraiment architectes, mais un peu les deux ».
Les collaborateurs d’HDA ont trois sortes de formation : ingénieur, ingénieur-architecte et architecte. Nous observons que deux ingénieurs portent les missions de calcul des structures et de développement de programmes pour des problèmes spécifiques tandis qu’un ingénieur-architecte se charge plus spécialement du développement de Rhinoscripts pour la modélisation des projets. Le reste de l’équipe se charge de porter les projets.

DAZHONGLI skylight
Projet de verrière paramétrique.
Shanghai
+ infos et images

Malgré que chacun ait sa propre spécialisation, la taille de la structure de l’agence fait que tous collaborent sans heurts. Pour ce que j’ai pu observer sur le projet Dazhongli, le travail de conception est fait en collaboration, presque en hybridation entre toutes les compétences sollicitées (programmation, représentation, conception architecturale, évaluation structure).

À propos d’hybridation, vous pouvez lire notre essai
ARCHITECTURE HYBRIDE: POUR UNE MÉTHODOLOGIE DE LA COMPLEXITÉ

La notion d’hybridation est importante dans le fonctionnement de cette agence. Ce point n’est pas anodin, car dans d’autres pratiques c’est une spécialisation de l’architecte qui est revendiquée.
Par exemple, dans la cellule de modélisation de Foster+Partners, le Specialist Modeling Group fondé par Hugh Whitehead, les membres se décrivent eux-mêmes comme des architects+.
Un « architect+ » s’affirme comme un expert, tandis qu’un « ni vraiment architecte, ni vraiment ingénieur » questionne le flou de ces nouvelles pratiques.
Cette hybridation resurgit dans certaines réalisations de l’agence, naviguant alors entre ouvrage d’art et projet d’architecture.
Le travail d’HDA est donc riche et certains projets inspirent ma réflexion à défaut d’en nourrir mes recherches :
Le projet de pylônes Terna a demandé la programmation d’outils spécifiques, pour l’évaluation mécanique (cela ne concerne donc pas directement la conception).
La passerelle de Turin est un projet intéressant mais trop ancien : les données nécessaires à l’analyse ne sont pas suffisantes.

DFS FASADE: la vidéo

D’autres projets m’interpellent, et certains points méritent d’être soulignés:
La passerelle de la Roche sur Yon pour laquelle il y a eu usage de l’évaluation structurelle comme « métaphore » formelle.
Le projet de façade pour Orchard Road pour lequel l’utilisation de « form finding » a permis d’affiner et de réaliser une idée existante.
Le projet de façade pour DFS GALLERIA pour lequel Grasshopper a été utilisé/exploré.

Pour l’instant, deux projets semblent pouvoir être analysés dans le cadre de mon étude :
– le projet de verrière pour Winter Garden (photo ci-dessus) pour lequel les scripts ont permis des allers-retours entre conception et évaluation
– le projet de verrière pour Dazhongli (photo ci-dessous), les scripts et la conception y sont menés de front, en aller-retour entre les intentions architecturales et les évaluations structurelles.

DAZHONGLI:la vidéo
How to build a freeform surface with single curved or flat panels using rhinoscript


Je vous ai présenté ici mes interrogations et mes recherches en cours… Mais à quand de véritables résultats?
Le temps de la recherche étant, pour moi, loin de celui de l’immédiateté, je laisse mon travail « infuser » encore.
Mais peut-être aurais-je le plaisir de présenter de nouveau ici même de prochains résultats ?
Si vous travaillez dans une agence et reconnaissez ces pratiques, ou si vous bidouillez vous-même du script pour vos projets d’architecture, alors laissez un commentaire ou contactez-moi : ça m’intéresse !

Aurélie de Boissieu
aurelie.deboissieu AT ariam-larea.archi.fr

Related Articles

1 comment

Le numérique en agence d’architecture : Quelles hybridations des pratiques? 1/2 | complexitys 18 janvier 2012 - 11 h 02 min

[…] sur la modélisation paramétrique et qui a dejá publié sur complexitys l’article Conception architecturale et/ou modélisation paramétrique ? Share agence d'architectureconceptionhybritationmodelisationnumeriqueparametrique / […]

Reply

Leave a Comment