Home InspirationArchitectural Research Les mâts de l’Hôtel de la Marine, orfèvrerie lumineuse

Les mâts de l’Hôtel de la Marine, orfèvrerie lumineuse

by Laya Hermelin

Retour sur les ouvrages HDA éclipsés par l’éclat de la verrière cour de l’Intendant. HDA a conçu et suivi la construction de trois autres ouvrages sur l’opération : la boite vitrée d’accueil des bureaux, les façades laiton au rez-de-chaussée et les mâts d’éclairage de la cour de l’Intendant, sujet de cet article. Ceux-ci ont été conçus en collaboration avec 8-18 et 2BDM.

Intervenir en milieu contraint

La cour de l’Intendant présente les façades d’origine récemment restaurées dans le cadre de la première phase de l’opération. Il était par conséquent inconcevable d’accrocher des luminaires contemporains et leurs câbles d’alimentation à même la pierre de taille. Quant à suspendre l’éclairage sur la verrière, cela était impossible également car celle-ci étant situé à 17m de hauteur, il aurait fallu d’énormes projecteurs pour atteindre la luminosité nécessaire au sol, arsenal incompatible avec la finesse de la structure. La seule solution restante était de créer des objets indépendants, détachés de la façade, c’était la naissance des mâts.

Une double stratégie d’éclairage

Le choix de détacher le luminaire de la paroi permet de dissocier l’éclairage du sol de la cour pour les usagers et l’éclairage de mise en valeur des façades en pierre. Côté cour, des spots à inclinaison variable viennent apporter la luminosité suffisante au sol alors que côté mur, un linéaire LED crée un éclairage diffus de la façade. L’un et l’autre sont protégés du regard, le premier par des ailettes reprenant l’inclinaison des projecteurs encastrés et le second par une grille à fente. L’ensemble offre une teinte de lumière chaude du socle de la façade, en opposition à la mise en lumière blanc neutre de la verrière.

Les ailettes dissimulant les spots lumineux à gauche, la grille à fente couvrant le linéaire LED diffus à droite

Une résille en trompe l’œil

Le corps du mât se développe sur près de 4m de hauteur en s’affinant, sa géométrie n’étant pas sans rappeler l’obélisque de la place de la Concorde juste à côté. Il est habillé de laiton, ciré pour obtenir une finition miel, répondant aux menuiseries de la billetterie et du porche de la cour. L’habillage est perforé selon un motif progressif et unique pour chaque mât et éclairé par l’intérieur. La résille présente une épaisseur suffisante pour « accrocher » la lumière sur les découpes de ses motifs. A l’intérieur, une tôle polie miroir reflète la lumière et l’habillage, créant une impression de légèreté et d’évidement en partie haute.

La résille accroche la lumière grâce à l’épaisseur de la tôle (3mm)
Détail type en pied de mât par Sebastian Lemny, HDA

Une fabrication française

Les 8 mâts ont été fabriqués par l’entreprise Chauvet près de Poitiers à partir des plans d’exécution réalisés par Eiffage Métal dans les Yvelines. Une machine de découpe laser a été utilisée pour créer les motifs sur la tôle principale et sur la tôle laiton polie placée au verso. Les grilles à fente et les ailettes sont réalisées avec un système en tenon mortaise pour éviter toute quincaillerie superflue. Enfin, des charnières et une batteuse à fouillot permettent l’ouverture de l’habillage pour l’entretien des spots encastrés dans le socle.

Les grilles à fente dans les ateliers Chauvet, système de tenon mortaise soudé
Ouverture de l’habillage pour le contrôle et l’entretien des spots encastrés en pied
Certains motifs en losange sont tout simplement évidés, alors qu’à l’arrière des autres motifs sont placées des tôles laiton polies

Maitrise d’ouvrage : Centre des Monuments Nationaux
Architectes des Monuments Historiques : 2BDM
Eclairagiste : 8-18 
Entreprise : Eiffage Métal
Métallerie : Chauvet
Coût total : environ 370 000 € HT

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