Dessin modifié repris de l »illustration de François Dallegret, pour l »article « A Home Is Not A House » dans le magazine Art in America, Avril 1965 rédigé par Reyner Banham. Consultable ici
La façade ou l’enveloppe d’un bâtiment est une surface d’échanges, elle marque la limite, plus ou moins prononcée, entre deux milieux. Alors que traditionnellement construites mais surtout figées, de nouvelles façades s’animent et expriment différemment ces limites et échanges entre espaces.
Que sont donc ces nouvelles façades dites intelligentes, réactives, média ou interactives ?
De l’animation à l’interaction.
Une typologie, sûrement la plus démonstrative et lisible, est l’enveloppe-écran, appelée « média façade ». Elle s’anime grâce à des écrans ou principalement grâce à des jeux de lumière.
A l’heure, des NTIC (Nouvelles Technologies de l »Information et de la Communication), où l »information et la médiatisation semblent toujours plus rapides et grandissantes, qui attisent, pour certains, un sentiment de perte de repères dans l’espace urbain, comment l »enveloppe de nos bâtiments peut devenir repère et/ou média?
Comment la façade passe-t-elle de l’animation à l’interaction ? Peut-elle jouer un nouveau rôle ; expressif, informatif, participatif et/ou social ?
Times Square CC @Chris Brown
Certes il existe déja un nombre important d’exemples de façades publicitaires, comme à Londres au Piccadilly Circus ou encore Times Square à New-York, mais j’aimerais plutôt citer des cas non publicitaires et intéressants dans la démarche expressive des interactions et des échanges. (Pour en savoir plus je vous conseille ce site ici).
« Bix » CC@Harry Schiffer
Un des premiers exemples est le musée des arts à Graz, qui anime sa façade grâce au concept BIX (contraction de BIg et pIXel). Recouverte de 930 anneaux lumineux monochromatiques programmés par informatique, cette façade permet l’animation et le dessin d’images assez simples. Cette programmation peut être laissée aux mains d’artistes qui transforment directement le musée en œuvre d’art. La façade, en plus de devenir point de repère et point d »attraction, révèle l’usage du bâtiment, et transmet une information évolutive et animée aux passants. Cependant, la taille des pixels étant trop importante, la finesse des images contraint et réduit la nature des informations transmises. De plus, l’action est unidirectionnelle car seule la façade affecte l’environnement extérieur. Il n’y pas de réciprocité, et les passants n’agissent pas directement sur la façade.
Le projet « Power Flower » de manière plus poétique, illustre plutôt l’inverse, et utilise directement les mouvements environnants. La façade capte et retranscrit, par l’illumination et best online casino l’émission de sons, le mouvement des passants devant la façade : comme des abeilles, les citadins activent la floraison lumineuse et exposent l’agitation, « BEEsy », de la vie New-Yorkaise. Cette façade offre une interaction simple et plus influencée par l’extérieur, mais ne transmet pas d’autres informations.
Des expérimentations commencent à prendre d’avantage en considération ces échanges possibles. L’intérêt social et participatif permet de créer de véritables interactions.
Enteractive at 11th & Flower © Electroland
A l’instar du blinkenlight project, recevant et transmettant des informations du public, le projet Enteractive at 11th & Flower, amorce un travail sur le rôle d’animation expressive et informative que peut jouer une façade. Dans ce bâtiment, un sol interactif à LED est directement retranscrit en façade. L’écran de façade indique donc la fréquentation du lieu. Une approche ludique favorise cette interaction grâce à un jeu possible sur le sol. Même si l’information transmise est minimale, soulignons l’intérêt que représente ce type de projet en milieu urbain. Ces façades peuvent ainsi devenir un baromètre d’activité et un lieu de rassemblement potentiel, et donc générateur de vie et de lien social.
Image extraite du site de Sebastian Boring
Le projet « Multi-User Interaction on Media Facades » va encore plus loin en proposant aux utilisateurs de smartphones de modifier directement les façades. A l’aide d’une application qui transforme un téléphone en une télécommande, vous pouvez repeindre et modifier en direct les couleurs de cette façade. Et si vous vous lassez de changer de couleurs, cette même application vous permet de vous détendre en effectuant un puzzle directement sur le bâtiment. Cette application, et c’est là aussi très séduisant pour le futur, permet une utilisation simultanée. Plusieurs usagers peuvent interagir au même moment sur la façade.
Dans cet exemple, la façade se transforme donc en support d’expression pour le citoyen, mais elle demande aussi une participation active pour sa transformation. La limite s’estompe et devient un vecteur de lien social. En effet, le rapport d’expérience parle de jeux, de compétitions ou de rencontres, initiés par l’utilisation partagée et simultanée de cette application.
Illustration issue du jeu vidéo Remember Me développé par DontNod qui donne une vision de Paris en 2084
La ville et la façade peuvent techniquement réagir et se transformer : le citoyen devient, par jeu et de manière éphémère, l’architecte de sa ville et de ses façades.
La question reste cependant posée : quel type d’informations peut-il être intéressant de transmettre ? A quoi pensez-vous que les façades puissent servir ? Et enfin pensez-vous que la rue, avec la multiplication des informations, risque de devenir encore plus indéchiffrable, ou deviendra-t-elle, au contraire, plus lisible ?
Liens des principales sources:
- Bix, agence Realities-united: https://www.realities-united.de/
- Power Flower, Antennadesign: https://www.antennadesign.com/
- Blinkenlights : https://blinkenlights.net/
- Enteractive at 11th & Flower : https://electroland.net/
- Multi-User Interaction on Media Facades : pdf, Sebastian Boring, site du projet iRiS
- Jeu vidéo Remember me : jeu , développeurs