Fabrication numérique et architecture : Benoît Salle avait déjà traité le sujet dans ce blog en 2012 avec un billet mentionnant le travail incontournable de Gramazio & Kolher. Aujourd’hui, notre collaborateur Nicolas Polaert revient sur cette question avec son regard de passionné de la fabrication artisanale.
Beaucoup d’entres vous on déjà pu voir ou apercevoir la vidéo ou les images du mur de briques assemblé par les 4 hélico-drones des architectes suisses Gramazio & Kohler lors de l’exposition Flight Assembled Architecture/Architectures volantes (décembre 2011 – février 2012).
J’avais à l’époques regardé ça d’un œil amusé mais distrait. Pour moi c’était une performance prises au premier degré, à l’image des murs de façade du Chai Gantenbein en Suisse, qui avait été assemblé brique par brique par un robot articulé 6 axes capable de monter le mur afin de faire apparaître un motif global grâce a un positionnement précis des briques.
Il s’agissait donc pour moi d’une nouvelle possibilité d’assemblage, semblable à un Tetris en 3 dimensions, dont les limitations en x, y et z sont très largement étendues en comparaison à une grue, un échafaudage, ou même un bras articulé.
Le transport de charges par hélicoptère est pourtant déjà au point depuis les années 60, américains et russes ont mis au point des hélicoptères/grues capable de transporter plusieurs dizaines de tonnes (tanks, maisons préfabriquées, etc..) sur une distance de 400km et à une altitude 2000m.
Lorsque l’on regarde la description du projet par Gramazio & Kohler, nous découvrons que cette performance est en réalité la maquette au 1:100 d’un projet de ville verticale de 600m de haut permettant de d’accueillir 30 000 habitants.
L’améliorations des comportement dynamiques des machines dans l’espace et leur réorientation spontanée et autonome, sans trop de visionnarisme, permet d’imaginer un potentiel grandeur nature de la construction de bâtiments à l’aide d’éléments pré-assemblés, le tout dans un environnement préprogrammé.
Le travail de Raffaello D’Andrea, l’ingénieur en système dynamiques associé au projet de l’exposition pour la programmation des drones, est focalisé sur la notion de gestion d’équilibre des objets en mouvement.
En regardant la vidéo ci-dessus, on se rend compte que les frontières entre la science fiction et la réalité dans le domaine de la robotique commencent peu a peu à s’effacer.
Ci-dessous une autre vidéo : un drone terrestre développé par l’armée américaine dont la capacité d’équilibre est impressionnante quelque soit les obstacles rencontrés. La vidéo date de 2010 !
Cette autonomie de déplacement dans l’espace laisse imaginer un gros potentiel pour l’industrie, notamment de la construction.
Ces expériences ouvrent la possibilité d’une massification de la construction à la fois intrigante et inquiétante.
Envisager a terme que les constructions se fassent sans la mise en oeuvre de l’homme, imaginer que les tâches ouvrières humaines et artisanales sortent du schéma de construction, cela parait assez dramatique.
Ce qui peu cependant rassurer c’est que l’avancée de ce type de travaux se limite à l’empilage de briques, à l’image d’enfants découvrant la construction avec les Légos. Le chemin peut être donc encore un peu plus long avant que la maturation de vrai projets architecturaux ne se concrétisent avec cette technologie.