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Quand les nouvelles technologies sont au service de l’architecture

by HDA Paris

Passerelle de la gare de La Roche sur Yon - carte de voeux - decoupe chimique

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Passerelle de La Roche sur Yon, France, 2009 | carte de voeux, decoupe chimique
Architectes: Bernard Tschumi (BTuA) and Hugh Dutton (HDA)
Ingénieurs: HDA
Source image: flickr.com/hdaparis
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J’ai assisté à Rennes, en décembre 2011, à une conférence de Jacques Lucan, grand théoricien et critique d’architecture. Lors de son exposé, il a proposé une analyse de la production contemporaine, et surtout des convergences que nous pouvons observer.
Comme je le disais dans mon premier billet sur complexitys, après avoir envisagé l’architecture avec un papier et un crayon pendant près de cinq siècles, l’introduction des outils numériques constitue une révolution.
Cet article place donc le contexte de l’apparition des nouvelles technologies dans la conception architecturale, avant de s’intéresser à l’impact qu’elles ont sur la création des projets.

L’émergence de la notion d’espace
Le discours de l’architecte se base aujourd’hui sur quelques mots, le plus important étant sans doute espace. Otez ce mot de la langue française et communiquer sur un projet deviendra une opération délicate ! Pour autant, ce terme n’est apparu en architecture qu’au début du XXème siècle.
En effet, au XIXème, concevoir un projet revenait à trouver un enchaînement savant de pièces (entités closes), tout en respectant les règles de symétrie, de régularité. Cette composition recherchait avant tout un équilibre, que ce soit celui du plan, mais aussi celui de la façade, voire du volume construit. Cette finalité est valable en architecture, mais également en urbanisme avec par exemple les aménagements typés Beaux Arts.
Puis le milieu du XIXème siècle a connu l’émergence d’une certaine irrégularité dans les projets. Cet éclatement de la symétrie, mais surtout celui de la fermeture, sera ensuite bouleversé par les théories modernes. En opposition à un ordre fermé, la production des architectes au XXème s’intéresse désormais à un ordre ouvert. Les productions de Mies van Der Rohe ou bien de Le Corbusier l’illustrent. C’est bien ici que la notion fondamentale apparaît, puisque l’architecture abandonne l’assemblage de pièces, au profit d’interpénétrations des espaces.
L’architecture n’est donc plus histoire de composition ! Intéressons-nous alors au travail de Mies van Der Rohe pendant ses années américaines. Pour le plan du campus de l’IIT, il dessine une grille où les bâtiments viennent d’implanter, sans aucune hiérarchisation.
De l’espace au milieu
Ce bref résumé historique vise à placer le contexte de la production actuelle. Malgré le siècle qui peut nous séparer des premières théories modernes, nous en sommes les héritiers. Héritiers parce que nous communiquons toujours avec le terme espace, et que les problématiques de cette époque sont toujours d’actualité.
Je reviendrai au dernier propos du paragraphe précédent. La grille de Mies pour le campus de l’IIT, mais surtout la valeur identique donnée aux constructions qui l’habillent, instaurent une homogénéité dans son projet. La recherche d’un équilibre formé par des éléments laisse place à la création d’un milieu.
C’est véritablement en s’attachant à cette notion de milieu que nous pouvons étudier l’architecture contemporaine. En effet, les productions actuelles tendent vers la création d’un espace homogène dans lequel l’utilisateur est plongé, dont un exemple serait le Rolex Learning Center de SANAA. J’illustrerai cependant mes propos avec la production de l’agence HDA, et plus particulièrement le projet de la passerelle de la Roche-sur-Yon réalisé en collaboration avec Bernard Tschumi.
Passerelle de la gare de La Roche sur Yon
 

PHOTO CI-DESSUS
Passerelle de La Roche sur Yon, France, 2009
Architectes: Bernard Tschumi (BTuA) and Hugh Dutton (HDA)
Ingénieurs: HDA
Credits photo: HDA | Source: flickr.com/hdaparis
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Tube évidé, enveloppe uniforme qui vient survoler les voies, c’est en ces termes que je qualifierai ce projet. Comme vous pouvez le remarquer, cela souligne la cohérence et le caractère monolithique de cet ouvrage.
Passerelle de la gare de La Roche sur Yon - carte de voeux

IMAGE CI-DESSUS
Passerelle de La Roche sur Yon, France, 2009 | carte de voeux, decoupe chimique
Architectes: Bernard Tschumi (BTuA) and Hugh Dutton (HDA)
Ingénieurs: HDA
Source image: flickr.com/hdaparis
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La carte de vœux ci-dessus est d’ailleurs un très bon exemple de l’importance de cette enveloppe. En effet, lorsque HDA et Bernard Tschumi proposent de créer une maquette de la passerelle en enroulant un simple motif imprimé, ne sommes-nous pas dans un projet défini essentiellement par sa surface ? C’est bien par elle que le milieu est créé. Son traitement uniforme entraîne ainsi homogénéité du plan et fluidité de l’espace.
Un milieu créé par les nouvelles technologies
A propos du monolithisme du projet, comment l’uniformité est-elle obtenue ?
Image6

IMAGE CI-DESSUS
Passerelle de La Roche sur Yon, France, 2009
Architectes: Bernard Tschumi (BTuA) and Hugh Dutton (HDA)
Ingénieurs: HDA
Source: flickr.com/hdaparis
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Comme le montre parfaitement l’image ci-dessus, l’homogénéité de la surface est due à une uniformité structurelle. En opposition au mouvement high-tech, caractérisé par son expression anatomique de l’architecture (retenons le centre Pompidou), difficile ici de distinguer l’enveloppe de la structure porteuse.
Tous les éléments qui constituent la surface sont interdépendants, et saisir les efforts dans un tel ouvrage relève de la prouesse intellectuelle.
La Roche-sur-Yon Footbridge (project)
 
 

IMAGE CI-DESSUS
Passerelle de La Roche sur Yon, France, 2009
Architectes: Bernard Tschumi (BTuA) and Hugh Dutton (HDA)
Ingénieurs: HDA
Source: flickr.com/hdaparis
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Reprenons l’exemple de la passerelle, et appuyons-nous sur l’image de sa modélisation. Vous l’aurez compris, c’est ici que la dimension technologique prend place. La recherche de l’uniformité structurelle induit un maillage, la maille étant l’objet représentant le mieux l’interdépendance des éléments. C’est donc par les outils numériques que de telles réalisations sont possibles. Comme nous l’avons vu depuis le début de cet article, ce ne sont pas les technologies numériques qui ont initié les nouveaux questionnements de continuité. Mais ils constituent une solution pour créer ce milieu, et nous pouvons nous douter que les innovations technologiques viennent alimenter le processus de création. Notons d’ailleurs que l’ingénieur japonais Matsuro Sasaki les nomme « Flux Structures »…
Références
Jacques Lucan, Conférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, 14 décembre 2011
Jacques Lucan, Composition, non-composition, Architectures et théories, XIXème – XXème siècles, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009

Ce billet a été écrit par BENOIT SALLÉ, auteur invité sur complexitys.com

 

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