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Le prosumer audiovisuel
Alors, aux vues des nouvelles tendances qui désignent l’audiovisuel contemporain généré dans le web (la dénommée Web Native Cinéma), on pourrait dire que tous les efforts se dirigent vers l’encouragement de l’autonomie de l’utilisateur. En autres termes on passe d’un schèma vertical producteur/consommateur vers la fusion de ces deux rôles dans la figure du prosumer (d’un utilisateur qui est devenu à la fois producteur et consommateur des contenus et qui avait déjà été vaticiné par les gurus de la communication Marshal MacLuhan et Barrington Nevitt, il y a plus de 30 ans).
Anecdotario este un projet du collectif lacasinegra qui encourage la création, la diffusion et la consommation des oeuvres audiovisuelles dans un contexte non industriel. Il encourage la figure d’un prosumer audiovisuel qui crée ses films à partir de la réalité ou des autres films retrouvés dans le web.
Les nouveaux outils permettent non seulement la production de contenus audiovisuels, mais aussi la construction de véritables récits de la part des utilisateurs. On pourrait dire que nous sommes passés progressivement d’un cinéma domestique à la construction d’un récit web codifié capable d’utiliser des données audiovisuelles, sonores, géographiques avec une liste infinie de possibilités narratives encore à explorer.
Ces outils ne se basent pas uniquement sur le montage pur d’images, mais aussi sur le montage de codes et sur l’idée que n’importe qui peut générer sa propre pièce de web cinéma. L’un des outils les plus remarquables ces derniers temps est Zeega (qui prend son nom d’un des cinéastes dissidents par excellence, Dziga Vertov) qui a comme prometteur sous-titre dans son site la phrase « remake the web » et qui se présente comme « a revolutioning web publishing and interactive storytelling for the immersive web ».
Mais celui-ci ne sera pas le seul outil révolutionnaire du storytelling qu’on aura connu ces derniers temps. Dans ce même esprit, on peut aussi citer Mozilla Popcorn, qui au-delà d’être un outil qui donne beaucoup d’autonomie à l’utilisateur, crée des communautés autour. Des communautés qui encouragent une pratique open source, d’échange de données, ce qui constituera l’une des marques définitives de notre temps.
Cette tendance définie par tous ces outils (malgré le fait que parfois ils ont des buts commerciaux) intègre l’un des aspects les plus importants à l’heure de faire une analyse sur l’audiovisuel de nos jours, soit la recherche d’une autonomie totale du créateur. Le cinéaste n’est plus cette figure omniprésente et super qualifiée qui se place au sommet d’une pyramide verticale, mais il est devenu un prosumer qui encourage, d’une certaine façon, la participation citoyenne dans la construction des récits alternatifs aux officiels.
Et pourtant, dépendants
Et pourtant, il ne s’agit pas d’un alléluia. La tendance vers une autonomie du prosumer audiovisuel existe, mais nous sommes toujours très dépendants des outils permettant la traduction d’un code de la part des utilisateurs, nous sommes encore bien loin d’une alphabétisation qui nous permettrait d’être complètement autonomes au moment d’écrire un code HTLM5 (celui qui permet d’inclure la vidéo comme l’un des éléments constitutifs du web). C’est pour ceci que, autant dans le domaine de l’architecture que dans celui de l’audiovisuel, on est de plus en plus à faveur d’une culture libre et de code ouvert.
Dans le cas du cinéma, l’étiquette créative commons est aussi devenue un signe d’identité qui romp avec l’idée classique de Hollywood et du cinéma industriel. Depuis des plateformes diverses on encourage les utilisateurs à partager leurs codes, faisant ainsi une revendication non de la création génuine, mais du remix, de la réappropriation des images, des sons et des idées. Cela est le cas d’un des projets de recherche transmédia le plus intéressant d’Espagne, Embed, qui se montre clairement fier de partager son code source audiovisuel revendiquant qu’il n’existe pas d’originalité dans la création artistique. Dans ce même esprit creative commons, on peut citer An Island, un long métrage réalisé par Vincent Moon et Efterklang qui n’a pas fait le parcours du cinéma traditionnel (festivals, salles, vente dvd) mais qui a été offert publiquement depuis leur site web à tous ces qui voulaient organiser un projection publique à but non lucratif.
Conclusion
Le rapport entre cinéma et architecture paramétrique est encore aujourd’hui une discussion en voies de développement. Ces thèmes que nous venons de souligner, ne sont que certains aspects que l’on pourrait considérer à l’heure d’entreprendre un débat sur l’état de la question.
Même si elles peuvent sembler des disciplines très éloignées, les traditions historiques de l’une comme de l’autre, démontrent que les institutions et les jeux de pouvoir économiques ont eu un poids décisif pour configurer les définitions de ce que l’architecture et le cinéma devraient être. Cependant, une discussion aux marges des systèmes institutionnalisés nous permettrait vérifier que les synergies sont beaucoup plus que désirables.
Que pourrait-il arriver si on pense l’architecture depuis le cinéma et vice-versa ?
La tâche de création est-elle si éloignée l’une de l’autre ?
Il est possible qu’il n’existe pas un cinéma paramétrique, mais ceci n’est pas non plus nécessaire.
Il suffit que la pensée paramétrique serve à nous remettre nous mêmes en question.
Le prosumer audiovisuel
Alors, aux vues des nouvelles tendances qui désignent l’audiovisuel contemporain généré dans le web (la dénommée Web Native Cinéma), on pourrait dire que tous les efforts se dirigent vers l’encouragement de l’autonomie de l’utilisateur. En autres termes on passe d’un schèma vertical producteur/consommateur vers la fusion de ces deux rôles dans la figure du prosumer (d’un utilisateur qui est devenu à la fois producteur et consommateur des contenus et qui avait déjà été vaticiné par les gurus de la communication Marshal MacLuhan et Barrington Nevitt, il y a plus de 30 ans).
Anecdotario este un projet du collectif lacasinegra qui encourage la création, la diffusion et la consommation des oeuvres audiovisuelles dans un contexte non industriel. Il encourage la figure d’un prosumer audiovisuel qui crée ses films à partir de la réalité ou des autres films retrouvés dans le web.
Les nouveaux outils permettent non seulement la production de contenus audiovisuels, mais aussi la construction de véritables récits de la part des utilisateurs. On pourrait dire que nous sommes passés progressivement d’un cinéma domestique à la construction d’un récit web codifié capable d’utiliser des données audiovisuelles, sonores, géographiques avec une liste infinie de possibilités narratives encore à explorer.
Ces outils ne se basent pas uniquement sur le montage pur d’images, mais aussi sur le montage de codes et sur l’idée que n’importe qui peut générer sa propre pièce de web cinéma. L’un des outils les plus remarquables ces derniers temps est Zeega (qui prend son nom d’un des cinéastes dissidents par excellence, Dziga Vertov) qui a comme prometteur sous-titre dans son site la phrase « remake the web » et qui se présente comme « a revolutioning web publishing and interactive storytelling for the immersive web ».
Mais celui-ci ne sera pas le seul outil révolutionnaire du storytelling qu’on aura connu ces derniers temps. Dans ce même esprit, on peut aussi citer Mozilla Popcorn, qui au-delà d’être un outil qui donne beaucoup d’autonomie à l’utilisateur, crée des communautés autour. Des communautés qui encouragent une pratique open source, d’échange de données, ce qui constituera l’une des marques définitives de notre temps.
Cette tendance définie par tous ces outils (malgré le fait que parfois ils ont des buts commerciaux) intègre l’un des aspects les plus importants à l’heure de faire une analyse sur l’audiovisuel de nos jours, soit la recherche d’une autonomie totale du créateur. Le cinéaste n’est plus cette figure omniprésente et super qualifiée qui se place au sommet d’une pyramide verticale, mais il est devenu un prosumer qui encourage, d’une certaine façon, la participation citoyenne dans la construction des récits alternatifs aux officiels.
Et pourtant, dépendants
Et pourtant, il ne s’agit pas d’un alléluia. La tendance vers une autonomie du prosumer audiovisuel existe, mais nous sommes toujours très dépendants des outils permettant la traduction d’un code de la part des utilisateurs, nous sommes encore bien loin d’une alphabétisation qui nous permettrait d’être complètement autonomes au moment d’écrire un code HTLM5 (celui qui permet d’inclure la vidéo comme l’un des éléments constitutifs du web). C’est pour ceci que, autant dans le domaine de l’architecture que dans celui de l’audiovisuel, on est de plus en plus à faveur d’une culture libre et de code ouvert.
Dans le cas du cinéma, l’étiquette créative commons est aussi devenue un signe d’identité qui romp avec l’idée classique de Hollywood et du cinéma industriel. Depuis des plateformes diverses on encourage les utilisateurs à partager leurs codes, faisant ainsi une revendication non de la création génuine, mais du remix, de la réappropriation des images, des sons et des idées. Cela est le cas d’un des projets de recherche transmédia le plus intéressant d’Espagne, Embed, qui se montre clairement fier de partager son code source audiovisuel revendiquant qu’il n’existe pas d’originalité dans la création artistique. Dans ce même esprit creative commons, on peut citer An Island, un long métrage réalisé par Vincent Moon et Efterklang qui n’a pas fait le parcours du cinéma traditionnel (festivals, salles, vente dvd) mais qui a été offert publiquement depuis leur site web à tous ces qui voulaient organiser un projection publique à but non lucratif.
Conclusion
Le rapport entre cinéma et architecture paramétrique est encore aujourd’hui une discussion en voies de développement. Ces thèmes que nous venons de souligner, ne sont que certains aspects que l’on pourrait considérer à l’heure d’entreprendre un débat sur l’état de la question.
Même si elles peuvent sembler des disciplines très éloignées, les traditions historiques de l’une comme de l’autre, démontrent que les institutions et les jeux de pouvoir économiques ont eu un poids décisif pour configurer les définitions de ce que l’architecture et le cinéma devraient être. Cependant, une discussion aux marges des systèmes institutionnalisés nous permettrait vérifier que les synergies sont beaucoup plus que désirables.
Que pourrait-il arriver si on pense l’architecture depuis le cinéma et vice-versa ?
La tâche de création est-elle si éloignée l’une de l’autre ?
Il est possible qu’il n’existe pas un cinéma paramétrique, mais ceci n’est pas non plus nécessaire.
Il suffit que la pensée paramétrique serve à nous remettre nous mêmes en question.
Note : Ce texte de Elena López Riera ( collectif lacasinegra ) est la deuxième partie d’une réflexion plus large sur la question du cinéma paramétrique. Retrouvez ICI la première partie de cette réflexion.