Dans un échange récent avec l’architecte espagnol Ion Cuervas Mons, nous avons discuté d’architecture paramétrique et design associatif, en relation avec les concepts de culture libre ( Open Source, Creative Commons ) et le questionnement sur le nouveau rôle de l’architecte pour l’avenir.
La discussion a démarré sur un projet de recherche auquel Ion travaille en ce moment: il s’agit d’explorer la possibilité de réaliser un logiciel, à mi-chemin entre un jeu-vidéo et un outil de travail, capable de permettre à tout le monde (les habitants et non seulement les architectes) de dessiner leur propre appartement.
La recherche a tout de suite tourné vers des expériences telles que celle de la vidéo ci-dessus et, bien sur, vers des outils de paramétrisation comme Grasshopper. Effectivement, nous avons trouvé qu’il y déjà des recherche qui sont en train de se développer, comme par exemple celle des images ci-dessous développé par LMN Tech Studio à Seattle, qui cherchent à trouver des méthodes de connexion entre des définitions Grasshopper et les programmes fonctionnels complexes des bâtiments d’architecture.
Cette recherche, appelé Grasshopper Space Planner, reste bien sur encore assez basique et peut-être très orientée à l’outil de travail d’architecte, plutôt que se focaliser sur l’objectif exposé ci-dessus, c’est à dire de donner aux non-architectes la capacité de dessiner leurs propres maisons.
Le rêve de [re?]mettre l’architecture dans les mains de ses propres usagers n’est surement quelque chose de nouveau ni de caractéristique de l’époque des nouvelles technologies; je pense à la notion d’ « architecture participative » très chère à l’architecte Lucien Kroll, ou à l’exercice « Les gens chez eux » de Jacques Famery.
Il semblerait aujourd’hui que les nouvelles technologies peuvent donner un nouveau élan à ces tendances; ce qui s’est passé avec le web 2.0 pourrait se reproduire avec l’architecture?
Même si je suis en train de contredire complètement ce que j’avais écrit il y a quelques mois (ARCHITECTURE IS NOT 2.0, en espagnol), c’est parce que les réflexions ci-dessus montre que c’est, dans tout les cas, une voie possible et qui mérite d’être explorée.
Bien sur, il faut cadrer la recherche et les limites de cette approche, car si d’un coté nous croyons dans une architecture libérée de la standardisation, de l’autre il ne faut pas tomber dans le rêve d’une l’architecture libre de toute contrainte: la figure de l’architecte ne va pas disparaitre, elle va juste changer et peut être l’architecte ne sera plus un artiste-dictateur (pardon…) , mais plutôt un conseiller et un gérant/créateur d’espaces et propulseur de dynamiques spatiales.
Architecture non standard: projet Pylons of the future – Dancing with Nature –
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Nous allons revenir sur le sujet pour le développer, ainsi que pour expliquer la phrase avec laquelle Ion a conclu notre réunion:
« Le paramétrique est le rêve ultime de l’architecture creative commons et libre de droits ».
En effet, pour la diffusion des productions libres de droits, que pourrait-on imaginer de mieux qu’un systeme de conception basé sur la capacité de tout le monde de modifier, adapter, améliorer et ensuite de partager à nouveau son propre travail?
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Vous pouvez suivre les activitées de Ion Cuervas Mons sur Twitter et sur Flickr, ou vous trouverez pas mal de photos de la suivi du chantier du projet Arbol de Aire – arbre d’air – conçu par Ecosistema Urbano pour l’Expo 2010 Shangai (photo ci-dessous).
Également, vous pouvez lire, en espagnole, ses articles « L’architecture est en train de disparaitre? » et « Ne rien faire, et avec urgence »
L’architecture parametrique [ne pourra qu’etre] participative et libre de droits
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10 comments
[…] have already mentioned our friend Ion Cuervas Mons in our posts about Creative Commons architecture and parametric conference in Madrid and we would like today to share his new web platform THINKBIG […]
[…] https://complexitys.com/software/larchitecture-parametrique-ne-pourra-quetre-participative-et-libre-d… Acessado em: 24/04/2011 […]
[…] The first time I “met” Ion Cuervas-Mons was on twitter, when he still was in Shanghai to direct the construction of Madrid Pavilion for Shanghai Expo. The second time I’ve heard of him it was because he was working on relationships between parametric design and games and we started exchanging a lot of interesting ideas – here is an article in French . […]
[…] participativa para la École nationale supérieure d’architecture de Versailles (basada en este post en francés y en colaboración con Hugh Dutton […]
Article très intéressant, mais dont je défendrais volontiers le point de vue inverse. En effet, « le paramétrique est le rêve ultime de l’architecture CC et libre de droit » me semble erroné.
– Déjà sur le sujet de « libre de droit », d’une manière assez générale on peut dire que l’architecture a ceci de particulier qu’elle est complément libre de droit. Pas d’un point de vue juridique mais pratique, car qui n’a jamais changé la couleur d’un mur, pris « possession » des lieux. Sans parler bien sur des bâtiments publiques ou le mobilier est laissé très souvent à la discrétion de la maîtrise d’ouvrage. Et par essence même l’architecture qui est l’appropriation d’un espace pour y faire une activité ne permet pas d’avoir un projet copyrighté sauf à prétendre que l’architecture c’est la façade.
– Ensuite sur l’aspect creative commons, je pense qu’associer paramétrique et CC avec l’utilisateur c’est plutôt voir effectivement comme vous le dites très justement, une architecture participative. Cela dans une approche pragmatique c’est uniquement une approche dans laquelle l’utilisateur se trouverai au tout début de la chaîne paramétrique (modifier les inputs) mais pas du tout dans la modification de cette chaîne. Cela me fait penser à n’importe quelle maison « Bouygues » dans laquelle finalement on peut modifier des éléments mais pas la nature même du projet qui reste une maison Bouygues. Le CC vaut largement plus que cela et l’utilisation d’un outils (le paramétrique) n’affecte en rien l’idée de projet. Pour moi, dans la même veine que l’aspect libre de droit, l’architecture est CC (free software) par essence. Si l’on reprend les 4 points de Stallman, on s’aperçoit que seul le point numéro 4 peut poser problème :
1 : possibilité d’exécuter le code : cela va de soi
2 : étudier le code et l’adapter : cela va aussi de soi
3 : redistribuer (donner ou vendre) : cela va aussi de soi
4 : améliorer et distribuer les améliorations : cela va de soi, à la condition que les modifications soient ou possibles ou réglementaires, c’est exactement ce que vous soutenez dans « l’architecture libre de toute contrainte »
Bonjour Guillame, merci beaucoup pour ton commentaire!
J’espère que tu pourra venir participer à notre conference-débat sur l’architecture participative Mardi prochain à Versailles.
https://complexitys.com/francais/conference-darchitecture-participative-a-lecole-de-versailles/
Autrement, j’espère en tout cas que nous aurons l’occasion de nous rencontrer bientôt pour discuter de tout ça, car j’ai besoin d’approfondir ton point de vue!
[…] Pétetin, nous avons tenu à l’École de Versailles une conference sur l’Architecture paramétrique et libre de droit, en abordant le sujet de l’architecture paramétrique avec des cas d’application […]
[…] UN – 1 ////////// L’architecture parametrique [ne pourra qu'etre] participative et libre de droits […]
[…] the blog complexitys.com, devoted to the subject of parametric architecture, an article recently appeared on the related subject of associative design featuring an intriguing video illustration of a design […]
[…] El contenido de este articulo es un remix de unas interesantes conversaciones con Ion Cuervas Mons y de dos articulos del blog complexitys: Defining #parametric #design and #architecture y L’architecture parametrique [ne pourra qu'etre] participative et libre de droits. […]